Tombe disparue de Jean, chanoine de Rouen

 

Plaque commémorative de 1772

Plaque commémorative de la translation des mausolées en 1772.
Abbatiale de Valmont. 2015.

 


ICI ETOIT

LA TOMBE DE MESSIRE ROBERT D'ESTOUTEVILLE
ET DE NOBLE DAME MARGUERITE DE HOTOT

TRANSFERÉE DANS LA CHAPELLE ENTRE LES
DEUX MAUSOLÉES DE NOS SEIGNEURS
NICOLAS ET JACQUES D'ESTOUTEVILLE
LE I
ER MAY 1772

ONT ETÉ AUSSI RETIRÉS DU CHŒUR LES
TOMBES DES SEIGNEURS CI DESSOUS
DENOMMÉS DONT PLUSIEURS PARTIES ETOIENT
CASSEÉS ET MUTILÉES ET LES INSCRIPTIONS
EFFACÉES

DE MESSIRE ROBERT D'ESTOUTEVILLE,
SEIGNEUR D'AUSBOC
MORT EN 1477. DE
NOBLE DAME
MARGUERITE D'HARCOURT,
EPOUSE DE MESSIRE JEAN SYRE,
D'ESTOUTEVILLE MORTE EN 1421. DE
MESSIRE JEAN D'ESTOUTEVILLE DOCTEUR ET
CHANOINE DE ROUEN, ET PLUSIEURS
AUTRES OU IL N'Y AVOIT RIEN DE
RECONNOISSABLE.

REQUIESCANT IN PACE

 

« Maître Jean »697, chapelain du pape698, est chanoine de Rouen de 1264 à 1282699. Le 4 août 1249, Jean d'Estouteville, clerc, est autorisé par le pape Innocent IV à détenir deux bénéfices ecclésiastiques, à la requête du vicomte de Châteaudun, « dont il est le neveu »700. Le 26 mai 1255, son père le présente à l’une des deux cures d'Eckington701, celle de la paroisse Saint-Pierre-et-Saint-Paul dont il a le patronat. Il accompagne son frère Guillaume en Allemagne en 1257702. En 1282, il cumule les prébendes : en plus de Rouen, il est chanoine de Bayeux et d'Orléans703. À Valmont, sa tombe en pierre de liais, avec son portrait linéal gravé, disparue dans les aménagements de 1772, se trouvait entre le sanctuaire et les stalles du chœur. On y lisait en latin et en lettres gothiques :

Sous cette pierre gît l'illustre docteur Jean d'Estouteville, soutien de la patrie ... chanoine de Rouen, homme de paix, ami du droit ... lumière du peuple ...704

L'éloge d'un homme admiré, peut-être employé dans des missions diplomatiques, dont il ne reste plus guère de traces...

(T. 1, p. 168-169)


697. ‘Ego magister Johannes de Estouteuill’ ’. Confirmation avec ses frères de la donation obituaire de sa mère. CAV-A, f° 211v.
698. Ou auditeur du pape, titre honorifique accordant certains privilèges. Le pape donnait autrefois audience dans sa chapelle.
699. Vincent TABBAGH, Fasti ecclesiae Gallicanae, t. 2 : Diocèse de Rouen, Turnhout, Brepols, 1998, p. 244.
700. Walter GIFFARD, William BROWN (éd.), The Register of Walter Giffard, Lord Archbishop of York, 1266-1279, Durham, 1904, n° DLXVI. Transcription d'un inspeximus d'Eudes Rigaud, archevêque de Rouen. ‘Johanni de Stuteville clerico [...] vicecomitis Castris duni, devoti nostri, cujus nepos existis’. Rigaud n’ignore pas que les Estouteville de Valmont ont des terres en Angleterre (note 742), d'où cette communication transmanche.
701. JEAYES, op. cit., n° 1125. Le sceau marquant cette charte est évoqué
ci-avant.
702. FCL-1, p. 622. ‘Johannes de Stotevyle’ est inscrit à la suite de ‘Willielmus filius Johannis de Stotevyle’.
703. TABBAGH, ibid., id..
704. Une des quatre sépultures de la famille d’Estouteville en suffisamment bon état pour qu’on puisse identifier son titulaire qui disparaît. Selon le procès-verbal de 1758 (voir note 348) :
D — ‘Tout proche led. mausolé [de Jacques d’Estouteville et Louise d’Albret] vers l'entrée laterale du chœur est la tombe en pierre de liais de messire Jean d'Estoutteville chanoine de Roüen representé linealement sur icelle avec une inscription autour qui est en partie effacée ; laquelle porte "Isto sub lapide doctor jacet inclitus J. de Estutevillâ patria requies . . . . . . . Rotomagensis canonic vir pacis. juris amic. M. semel. M . . . . . . . LXV. plebis lux . . . . . . . . festo migravit ab orbe molesto" ’.
Le transcripteur semble lire 1265. Deux décennies plus tôt, Toussaint Duplessis disait Jean mort le 21 décembre 1275, apparemment d'après la même épitaphe (DHN-1, p. 162). La bonne année est-elle 1285 ?