Le donjon du château de Valmont
Sur son éperon rocheux, dominant la vallée.
Fin XIème, début XIIème siècle. Face ouest. 2022.
Le couronnement en brique et les machicoulis sont des ajouts du XVème siècle,
ainsi que les fenêtres, dont une percée dans un contrefort.
Comme aucune source primaire ne relie Robert Grondebuf à Valmont et à son donjon, on en est réduit aux hypothèses. À cette époque, on fortifie en bois. La pierre taillée coûte cher et les maçons qualifiés sont rares. Pour construire en dur, il faut dimportants moyens financiers, ce qui réserve ce type dentreprise principalement au duc. Il faut surtout une bonne raison de sy atteler. Valmont ne figure pas sur la courte liste que Robert de Torigni donne des places fortes construites en Normandie par Henri Ier101, duc-roi de 1106 à 1135. Avant lui, Robert Courteheuse et Guillaume le Roux se réconcilient une première fois en 1091, à la condition que le premier cède notamment au second Fécamp, le comté d'Eu et Cherbourg102. La distinction est nette alors entre dune part labbaye, hostile au duc, et sa mouvance, et dautre part le domaine de Fécamp, sa forêt et ses vallées, principalement dominés par des chevaliers de la milice ducale103. Robert Courteheuse a pu, à ce moment, vouloir se garantir dun débarquement et dune attaque venant de Fécamp en renforçant Valmont, contre-place toute désignée, à quelques kilomètres dans la vallée, sur son éperon rocheux. Et Guillaume attaquera effectivement les possessions de son frère, de mars à décembre 1094104. Autre hypothèse, la tour a pu être érigée quelques années plus tard par Robert Grondebuf rallié au duc. Il fait figure de candidat très crédible : il a en charge les places fortes et garnisons du Pays de Caux (ci-après) et dispose à ce titre des fonds nécessaires, fortifiait déjà en Yorkshire au temps de Guillaume le Roux, et est vraisemblablement le tenant de Valmont105. |