Château de Châteaudun

 

Donjon du château de Châteaudun

Donjon cylindrique du XIIème siècle. 2022.
Jean I
er d'E.-Valmont est marié à Agnès de Châteaudun.

 
 

On l’a marié, entre 1218607 et 1230608, à Agnès de Châteaudun, fille de Geoffroy V, vicomte de Châteaudun609, et d’une de ses deux épouses, Adèle de Nevers ou Alice de Fréteval. Le mariage avec Alice de Fréteval étant antérieur à 1194610, la chronologie et le ressentiment qu'Agnès nourrit à l’égard de son frère (ci-après) suggèrent qu’elle est une enfant du second lit. Elle est dotée du Bouchet, un important fief de banneret du comté de Vendôme.

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Agnès veuve
Le 27 août 1258, « Agnès, qui fut la femme dudit Jean », est autorisée à « rester au
manoir de Kirkby avec sa famille » jusqu'à ce que le domaine soit transmis à « Robert, fils et héritier de Jean d'Estouteville »673. Agnès survit à son époux une quinzaine d'années. Elle reçoit Bec-de-Mortagne en douaire : elle a le patronat de l'église de Sasseville674, qui en dépend675, et de la chapelle Saint-Jacques de la léproserie de Gonneville, qui en est un hameau. Elle présente à Gonneville un prêtre anglais676 ; ses liens avec l'Angleterre sont certes étroits. Ayant manifestement été mariée contre son gré, « sitôt son mari mort », elle engage un procès contre sa nièce Clémence, vicomtesse de Châteaudun, revendiquant une part de l'héritage familial. Elle déclare qu'après la mort de son père, son frère Geoffroy (VI), qui avait sa tutelle, l'a mariée « dans une région éloignée » avec la dot qu'il a bien voulu lui accorder. Étant ensuite passée sous la tutelle de son mari, elle n'a pu faire valoir ses droits, auxquels elle n'a cependant jamais renoncé. Robert de Dreux, époux de Clémence, lui oppose qu'elle a reçu en dot une terre valant en rente « 300 livres ou plus », qui n'est pas nommée, mais, d'un montant aussi considérable, on comprend qu’il est question du Bouchet. À l'octave de la Chandeleur 1260/1, le parlement de Paris rend un arrêt conforme aux vues de ce dernier677.

(T. 1, p. 149, 162-163)


607. Agnès est sous la tutelle de son frère lorsqu’il la marie à Jean d’Estouteville (note 677). Son père Geoffroy V est mort en 1218 ou peu après.
608. Mémoires de Guillaume LAISNÉ, prieur de Mondonville, t. 3, BnF, ms fr 24126, p. 283. « Extrait du cartulaire de la commanderie de Soure contenant comme en 1230 Jehan d'Estouteville chevalier et Agnes sa femme » ; la mention s'interrompt. Sours, commanderie de l'ordre de Malte, Eure-et-Loir, a. et c. Chartres. — Estout, au moins le troisième enfant du couple, est majeur en 1252. Note 1357.
609. Le Bouchet dont elle est dotée était un fief des Châteaudun. DTV-1, p. 196. Note 1537. Son fils Jean est dit le neveu du vicomte de Châteaudun en 1249, Geoffroy VI à ce moment ; entre 1258 et 1260, elle réclame une part de la succession familiale dont elle estime avoir été spoliée par son frère le même vicomte ; encore explicite, elle nomme ‘Chasdeldun' dans sa donation obituaire à l'abbaye de Valmont en 1272, etc. Références ci-après. Agnès n’est nullement la fille du comte de Ponthieu comme l’affirme curieusement Gabriel de la Morandière, se référant à ‘toutes les généalogies’, qu’il ne précise pas (HMEN, p. 94). Cette fois, le père Anselme n'est pas en faute...
610. DTV-1, p. 196.
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673.
CClR, 1256-1259, p. 262.
674. RHF-23, p. 293 J-K. ‘Ecclesiae de Sassavilla heredes Henrici de Estoutevilla patroni.’ Au temps de l'archevêque Eudes Rigaud (1248-1275), la dame douairière d'Estouteville présente à cause de son douaire : ‘Magister Robertus receptus fuit ab archiepiscopo Odone Rigaudi, ad praesentationem senioris dominae de Estoutevilla, matris domini Roberti, ratione dotis suae.’ Dote, douaire. Sasseville, Seine-Maritime, a. Dieppe, c. Saint-Valery-en-Caux.
675. En 1503, 2/8 de fief tenus de Bec-de-Mortagne. RFBC, p. 215.
676. RHF-23, p. 290 E-F. ‘Capella Sancti Jacobi leprosariae de Gonnovilla in parrochia Sancti Martini de Becco Mauritanniae valet . . . . archiepiscopus Odo Rigaudi recepit . . . . . anglicum, ad praesentationem dominae Agnetis, dominae de Estoutevilla.’
677. Arthur BEUGNOT (éd.), Les olim ou registres des arrêts rendus par la Cour du roi, t. 1, 1254-1273, Paris, 1839, p. 490-491. ‘Quando pater suus decessit, ipsa remansit in custodia et ballo fratris sui vicecomitis Gaufridi predicti, et infra annos, et ipse eam maritavit in partibus remotis, prout voluit, et dedit viro suo quod sibi placuit’. ‘Habuit in maritagium quandam summam pecunie, et de ipsa terra trecentas libratas vel amplius, quas postmodum tenuit, et adhuc tenet.’ La dame d'Estouteville étant désignée par son seul titre, ‘domina de Estoutevilla’, elle a parfois été confondue avec sa sœur Isabelle.

 
 

Sainte-Chapelle de Châteaudun

Le donjon et la Sainte-Chapelle (XVème s.), lieu de sépulture des
Orléans-Dunois, ducs de Longueville et d'Estouteville, et comtes de Dunois.