Léonie marie son fils à une jeune veuve de la maison dAnjou, à laquelle elle est elle-même apparentée : Mathilde, dite de Varenne, dont le père, Hamelin, est un fils illégitime de Geoffroy V, comte d'Anjou et du Maine533. Titré comte de Surrey lorsquil a épousé en 1164 Isabelle de Varenne, lhéritière du comté, Hamelin est le demi-frère du roi Henri II534, ce qui fait d'Henri d'Estouteville le cousin par alliance de deux rois successivement : Richard Cur de Lion et Jean sans Terre. Comme pour d'autres grands tenants du baronnage anglo-normand, la réunion de la Normandie à la France en 1204 va se traduire pour les Estouteville valmontais par une considérable perte d'influence : on ne retrouvera par la suite une telle proximité avec la maison royale, de France cette fois, qu'au XVème siècle, suite au mariage de Jean II avec une nièce de la reine Jeanne de Bourbon, femme de Charles V (t. 2, ch. 24). [...] Mathilde possède en outre des biens sur la rivière Varenne, non loin de Bellencombre, le chef-mois normand de sa maison : en 1212, elle fait don à l'abbaye de Valmont dune rente de 40 sols, à prendre sur le moulin de sa dot de Torcy537 ; en sa vefvete d'Henri d'Eu, cétait à labbaye de Foucarmont538, nécropole des comtes d'Eu, quelle donnait cents sols tournois de rente sur les molins de Torcy le Petit539. (T. 1, p. 133-135) 533. EYC-8 : The Honour of Warenne, p. 22-23. Charles Clay est sur ce point largement précédé par les Peerages anciens et suivi par ceux du XXème siècle (CP-12 (1), p. 500n). Mathilde est notamment dite la fille du « comte Hamelin ». En plus des preuves de son ascendance, si elle avait été une deuxième fille du comte dEu comme le croit Gabriel de la Morandière (HMEN, p. 75), se référant au titre honorifique de comtesse dEu que donne Henri dEstouteville à son épouse défunte dans sa donation obituaire (ci-après), elle aurait reçu en héritage des biens considérables, dont on n'a aucune trace. Il écrit que Sainneville (Seine-Maritime, a. le Havre, c. Saint-Romain-de-Colbosc) est un fief de Mathilde, son église ayant été donnée en 1119 par le comté d'Eu à son abbaye d'Eu' (HMEN, p. 80). Selon les Registres de Philippe Auguste, Henri a bien unam vavassoriam apud Raimes, de feodo de Sainevilla, une vavasseurie à Rames qui relève de Sainneville, mais Sainneville, qui ne vaut du reste que 2 fiefs de chevaliers, nappartient pas au couple (RHF-23, p. 642 G, 643 F ; DT76-2, p. 883). Accessoirement, si Mathilde avait été une fille du comte dEu, nétant pas lhéritière du comté, elle naurait jamais été comtesse dEu, contrairement à sa veuve... 534. CP-12 (1), p. 499-500. [...] 537. HMEN, p. 80. Maritagii mei de Torcy. 538. Seine-Maritime, a. Dieppe, c. Eu. 539. RHF-23, p. 441 J. Les éditeurs de la Chronique des comtes dEu valident lassertion, se référant à la transcription de la charte de Mathilde dans le cartulaire de Foucarmont, en apportant une légère correction : elle donne centum solidos andegavensium, 100 sols angevins, la monnaie ayant alors cours en Normandie étant la livre angevine. Torcy-le-Petit, Seine-Maritime, a. Dieppe, c. Luneray. À ne pas confondre avec Torcy-le-Grand, fief éponyme de la branche de Torcy, qui relève du comté de Longueville. |