Château de la Roche-Guyon

 

Château de la Roche-Guyon

Le pavillon d'entrée encadré de ses tours médiévales. 2016.
Michel d'E.-Valmont est marié à Marie, dame de la Roche-Guyon.

 

Les témoignages, à charge mais concomitants, d’une enquête de 1502 relative aux revendications de leur fils Guyon sur la succession de sa mère, sont sans pitié. Michel d'Estouteville était laid et de petite taille : il ‘estoit ung petit homme et de fort petite stature’, et ‘ressembloit audit seigneur de Bricquebec son frere, le quel n'estoit gueres beau personnaige'358. Il se conduisait mal avec sa femme, entretenant des prostituées en son château d’Hambye au vu et au su de Marie. Jean Martin l'aîné, âgé de 76 ans ou environ, procureur et receveur des seigneuries d'Auneau et Rochefort[-en-Yvelines] du temps de Michel, qui paraît bien informé, a

oy dire aux serviteurs estans audit lieu de Hambye, femmes et autres, que ledit messire Michel tenoit avecques ladicte dame des femmes dissolues et lubricques audit villaige de Hambye, et qu'elles alloient souvent boire et menger avecques luy audit chasteau de Hambye en la presence de ladicte dame359.

On imagine un homme ayant une faible estime de lui-même, dominé dès son plus jeune âge par la forte personnalité de son père... Gabriel de la Morandière, citant un mémoire domestique, écrit pudiquement qu'il va ‘de vie à trespas à la peine’, épuisé par la remise en état de ses domaines360. Il semble pourtant qu’il meure d'une maladie vénérienne : il souffrait selon Marie d’une ‘secrete maladie’, et Jean Martin a entendu dire par la même et par Jean Trenet, serviteur de Michel, qu'il est mort ‘de chancre que luy persa le temple du ventre'361.

Décès
Le même Jean Martin, ‘ainsi qu'il depposant peult scavoir par ses comptes desdictes terres et seigneuries' d’Auneau et Rochefort, date le décès de Michel de janvier 1469/70
362. Une date validée par Valérie Deplaigne, puisque son fils aîné Jacques rend foi et hommage au roi de toutes ses terres et seigneuries le 17 février 1469/70363. On ne connaît pas son lieu de sépulture, mais on peut supposer qu’il fut inhumé à Hambye, où il avait élu domicile avec femme et enfants, du vivant de son père et ensuite.

(T. 2 à paraître)


358. Valérie DEPLAIGNE, L'héritage de Marie de la Roche-Guyon, un conflit entre deux nobles lignages normands à la fin du Moyen Âge, Presses universitaires de Rennes, 2009, pièce justificative, p. 172, 174, 188, 190.
359. Les témoins rapportent tous les mêmes propos de Marie, décédée quatre ans plus tôt : Michel ‘tenoit aucunes femmes dissolues en sa maison, assez prez de la chambre de ladicte dame, dont estoit tres dolente et tres deplaisante’ ; il ‘tenoit audit Hambye en une chambre prez la chambre de la dicte dame Marie sa femme plusieurs femmes dissolues, lesquelles luy faisoient les injures et tous desplesirs du monde’, etc. Ibid., p. 172, 174, 176, 181, 183-184, 186, 188, 190, 193, 197, 207.
360. HMEN, p. 475.
361. DEPLAIGNE, ibid., p. 183, 190.
362. Ibid., p. 182.
363. Ibid., p. 18-19, cf. AD76, 33 J 415. Les ‘archives de Valmont’ lues par Gabriel de la Morandière semblent plus précises : il est en vie le 24 juillet 1469, et Jacques, né le 4 décembre 1448, ainsi que l’établit une enquête pour déterminer son âge, lui a succédé comme seigneur de Valmont le 25 janvier 1469/70 (HMEN, p. 368-369, 476). Rappelons que la coutume de Normandie fixe l’âge de sortie de la garde royale à 21 ans (
note 217). La chronologie fournie par La Morandière, à défaut d’être vérifiable — rappelons aussi que le chartrier du château de Valmont, en dépôt aux Archives départementales, est en accès contrôlé par la famille de l’auteur —, paraît cohérente. Il date l’enquête de 1469, sans plus de précisions.

 
 

Château de la Roche-Guyon

Donjon circulaire (
c. 1190) et sa double enceinte.

 

Château de la Roche-Guyon

Escalier d'accès creusé dans la roche.

 

Château de la Roche-Guyon