Difficile de dire si Guillaume hérite d'un fief appartenant de longue date à sa famille, bien qu'on n'en trouve pas trace avant lui419, ou si au contraire la terre prend le nom de son détenteur. Estouteville en Vexin relève en tout cas de la baronnie de Gournay-en-Bray420 : le 11 mai 1203, le fief est dit appartenir à Hugues (V) de Gournay lorsque le roi Jean le réattribue après confiscation421. Il semble donc que Guillaume, à linstar de son frère Nicolas, ait épousé une Gournay, ou bien lhéritière dun vassal de cette maison. Neufbosc et le Bosc-Mesnil, 7 et 8 km au nord-est d'Estouteville, peuvent être identifiés comme deux terres de son épouse : au temps de larchevêque Rotrou (1165-1183), Guillaume dEstouteville et sa femme Aelicia donnent aux moines de Saint-Ouen de Rouen une rente d'une mesure d'avoine sur la dîme de ces deux terres, et leur font grâce dun épervier, que ceux-ci leur devaient422. Les moines de Saint-Saëns pour leur part ont la dîme du moulin de la Boissière, 4 km à l'ouest de Neufbosc, « du fief de Guillaume d'Estouteville »423. Quelques années plus tard, au temps de l'archevêque Maurice (1231-1235), Pierre de Bouelles, petit-fils apparent de Guillaume et Alice comme issu du mariage de leur fille avec Hélie de Bouelles (ci-après) , a le patronat de l'église d'Estouteville424. (T. 1, p. 111-113) 419. Gabriel de la Morandière parle de 5,5 fiefs hérités (HMEN, p. 82), mais il se trompe de terre. L Estotevilla donné par les Registres de Philippe Auguste nest pas Estouteville-Écalles, mais Étoutteville (Seine-Maritime, a. Rouen, c. Yvetot), clairement identifiable par sa mouvance limitrophe (voir note 144), loin du Vexin normand. 420. Seine-Maritime, a. Dieppe, chef-lieu de canton. À la frontière entre Vexin normand et français. 421. RN, p. 94. Le village de Stotevill' que fuit Hugoni de Gornaco. Hugues de Gournay a trahi le duc-roi quelques jours plus tôt en livrant Montfort-sur-Risle à Philippe Auguste. Il subsiste au sud-ouest de Buchy des vestiges de fortifications : une motte tronconique fossoyée au lieu-dit le Petit-Besle, jouxtant le hameau de Saint-Martin-du-Plessis, dans lancienne commune dEstouteville-Écalles, et, 500 mètres à l'est, les retranchements plus vastes du Grand-Besle. Le fort du Plessis, situé sur la frontière nord-est de la vicomté de Rouen, avait pour fonction de protéger le domaine ducal contre les raids des Gournay, qui parviennent cependant à lenlever lors des troubles de 1118. Comme le rapporte Jacques Le Maho, une fouille partielle réalisée dans les années 1960 au Grand-Besle a fait découvrir les traces dune palissade ancrée dans le remblai du rempart, les vestiges dun four de métallurgie, des pointes de flèches et un matériel céramique témoignant dune occupation intense, mais sans doute assez brève, de la fin du XIème ou du début du XIIème siècle. 422. AD76, 14 H 342. Richard dEstouteville (frère cadet de Guillaume) est un des témoins. Neufbosc constitue un fief entier en 1503 (RFBC, p. 65), dont relève la portion Saint-Rémy du Bosc-Mesnil (DT76-1, p. 117). Gilles de la Roque signale une charte de confirmation par Rotrou des donations faites à l'abbaye de Valmont par Guillaume et sa femme Adeliza et leurs cohéritiers (HGMH-4, p. 1701). Il date le document de 1150, mais Rotrou est alors évêque d'Évreux. Le père Anselme lui donnait pour épouse du bout des lèvres sans preuves, sic Hélène de Ponthieu (HGF-8, p. 88). 423. Vincent MOSS (éd.), Pipe Rolls of the Exchequer of Normandy for the Reign of Henri II, 1180 and 1184, Londres, Pipe Roll Society, 2004, p. 42. Le prieuré de Saint-Saëns, 9 km au nord-ouest dEstouteville est une dépendance de Saint-Wandrille, abbaye qui a le patronat de Neufbosc (RHF-23, p. 243 G). 424. Petrus de Broouleio. RHF-23, p. 245 A. Patronat passé en 1337 à J. de Boveleyo (PPR, p. 14), indifféremment Boueleyo. L'église Sainte-Trinité d'Estouteville conserve des vestiges du XIème siècle : une porte murée et une partie de la nef. |