Sceau et blason de Louis d'E.-Valmont (1425)

 

Sceau de Louis d'E.-Valmont (1425)

Base
Sigilla.

 

Il reçoit en première attribution Auzebosc, un fief qui était tenu, par parage de Cleuville, par son cousin Colard d’E.-Auzebosc. À sa mort, celui-ci n’a qu’un fils illégitime, Robert, dit le Bâtard d'Auzebosc (ch. 40), qui accompagne Louis au Mont-Saint-Michel (ci-après).

Jeanne Paynel
Le 5 mai 1415, Louis (?) d’Estouteville obtient la garde noble de Jeanne Paynel, fille héritière de feu Nicolas Paynel († 2 avril
214), seigneur de Moyon215. Il est vraisemblablement déjà fiancé à celle-ci et on pourrait croire qu’il est majeur à cette date216. Cependant, le 17 octobre suivant, Charles VI accepte, sur la requête de Louis et de Jeanne, dite son épouse, que les biens de celle-ci soient sortis de la garde royale, attendu que les terres de Louis sont sous contrôle anglais (suite à la capitulation d’Harfleur en septembre ; ch. 24), qu’il a 18 ans et Jeanne environ 13, et qu’une garde de trois ans jusqu’à la majorité du mari serait de peu de profit pour le roi217. Les Payneaux sont une grande famille noble du Cotentin, dont les principales châtellenies sont Hambye et Bricquebec. La seconde appartenait anciennement à la puissante maison Bertran, alliée aux Estouteville dans la seconde moitié du XIIIème siècle (t. 1, ch. 9). En plus de Moyon, le père de Jeanne avait de son vivant les seigneuries de Créances, Chanteloup, le Mesnil-Céron et Saint-Clair-en-Auge. C’est Foulques, le frère aîné de Nicolas, mort en 1413, qui tenait les principaux fiefs des Paynel218, dont Jeanne va bientôt hériter (ci-après), faisant d'elle une des plus riches héritières de son temps.

Sceaux et blasons
Marié à la très jeune dame de Moyon, Louis signe à cette époque sire d'Auzebosc et de Moyon. Ses sceaux des années 1420 figurent un écu à son blason, un burelé au lion, entouré des inscriptions :

Sceaus de Louis d'E.-Valmont

Sur la seconde empreinte, on distingue nettement une barre supplémentaire dans la partie supérieure de l’écu : il s’agit probablement du lambel d’azur dont Louis brise l’emblème familial, tel qu’on l’observe dans le manuscrit enluminé ayant appartenu aux Estouteville conservé à la bibliothèque Bodléienne d’Oxford (voir t. 1, introduction). Juste sous ce blason est représenté celui des Paynel de Moyon : d'or à 2 léopards passant de gueules221.

(T. 2 à paraître)


214. Obituaire de l’abbaye d’Hambye. HHCA, p. 327. ‘Nicolaus Paganelli dominus de Moyon, Chantelou, Creences’.
215. Dom Jacques-Louis LENOIR, Bertrand PÂRIS (éd.), Mémoriaux de la Chambre des comptes de Normandie (XIV
ème-XVIIème siècles), t. 7, Paris, 2014, p. 69.
216. S’agit-il d’une erreur de prénom : Louis pour Jean, son père ?
217. HHCA, p. 75-77. Transcription d’un vidimus du bailliage du Cotentin du 11 avril 1416, disparu dans les bombardements de Saint-Lô en 1944. ‘Lequel age dudit suppliant donne aage a sa femme selon la coustume de notre duche de Nordie’. Cette coutume fixe l’âge de sortie de la garde royale à 21 ans : ‘le duc de Normendie a par raison de la duche la garde de ceulx qui sont en non aage jusques a tant qu'ils aient vingt et ung an accompli’ (Grant Coustumier de Normendie, éd. 1534, f° 41v). C’est cet âge qui a été retenu par les magistrats lors de l’enquête concernant la sortie de garde de Jean II (voir ch. 24).
218. Paul LE CACHEUX, Une famille normande pendant la guerre de Cent Ans : les Painel, BSAN-42, 1935, p. 131-137.
219. ISC-1, n° 3438. Rond, 33 mm. Cimier : un lion assis dans un vol. Supports : deux lions. Quittance de gages de banneret sous le duc d’Alençon et le comte d’Aumale, 15 août 1420.
220. ISN, n° 2122. Rond, 40 mm. Son écu est posé sur un champ de fleurs.
Le capitaine du Mont-Saint-Michel confirme les privilèges et franchises de l’abbaye, en novembre 1425. Cliché du moulage : base Sigilla, n° 180827.
221. Ms Douce 336. La superposition des deux blasons est répétée trois fois : f° 70r, 74v, 77v. Ensuite, après la mort de son père (1435), Louis prend les pleines armes, qu'il dispose
en parti avec celles d'Hambye, chef-mois des Paynel dont a hérité Jeanne : d’or à 2 fasces d’azur accompagnées de 9 merlettes de gueules rangées en orle, 4, 2 et 3 (f° 103r, 104r). Figurent aussi dans ce manuscrit les emblèmes d'autres seigneuries du couple, dont Bricquebec : d'or au lion de sinople armé et lampassé de gueules, couronné d'argent (f° 78v, 102v, 103r, 104r).

 
 

Premier blason de Louis d'EstoutevilleBlason de la seigneurie de Moyon

Premiers blasons de Louis d'E.-Valmont et de Jeanne Paynel de Moyon, dans un
manuscrit enluminé (milieu du XV
ème s.) ayant appartenu aux Estouteville.
Bibliothèque Bodléienne d'Oxford, ms Douce 336.